Toutes nos Relations

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Mon père m’avait toujours dit qu’on était parenté avec tout le monde chez nous.

Chez nous, les patronymes reviennent, génération après génération, tissés l’une avec l’autre dans des combinaisons différentes.

J’ai déjà mentionné péter une fuse en lisant l’article du sociologue Gérard Bouchard, intitulé “Le faux sang indien des Québécois” (La Presse 7 février, 2015) où il nie l’existence d’une population métisse au Québec, indiquant que

le mépris que les Blancs ont porté aux Autochtones a fait obstacle à des emprunts sociaux massifs et que si, par hasard, il y avait un ancêtre autochtone dans l’arbre du Québécois moyen, il était rare et sans précédent.

Moins de 1% de “sang Indien”.

Les peuples autochtones sont les seules trois minorités qui devons prouver notre ethnicité à un gouvernement qui a légiféré afin de nous assimiler.

Prouver que quelqu’un est Métis aujourd’hui prend du temps et de l’effort:

Les gens ont changé leur noms. Quelques exemples, tirés de ma propre généalogie:

LePelle / Lepelé
LaHaye / LaHaye / Lahé
DesMarais / Desmaret
Lagrave
Lamothe
Tous les mêmes personnes

Voici une autre famille de ma généalogie:

Pelletier
Antaya
Marolle
Gobloteur
Passavant
Laprade

Nous ne savons pas pourquoi ils ont changé leur patronyme. Peut-être qu’ils ont suivi les traditions autochtones de nos ancêtres?

Une fois que le fil des noms a été démêlé, il faut retrouver les actes religieux reliant chaque génération l’une à l’autre, jusqu’à l’ancêtre d’une Première Nation.

Mais comment prouver que des communautés historiques et contemporaines existent?

Voici quelques exemples du travail que je j’ai entrepris afin d’illustrer la présence des Métis dans la Mauricie et Lanaudière, les confluences entre les Premières Nations de la Terre de Rupert et le fleuve Saint-Laurent que les anciens appelaient “Les Pays d’En Haut”.

Je choisi un symbole de la plume d’Aigle afin d’illustrer mes ancêtres des Premières Nations et la plume du Corbeau pour illustrer chaque descendant Métis jusqu’à moi. Au fait, il y a une histoire sur la plume de corbeau et les Métis que je souhaiterais écrire un jour …

Je fais cet exercice pour trancher l’argument du quotient de 1%. C’est une tâche de longue haleine et je ne me donner aucune date limite pour la compléter, à moins que le sujet de l’existence de communautés métisses ici est une fois de plus remis en question. Si ça devait se reproduire, je mettrai à jour ce blogue pour démontrer à combien de gens de ma communauté seraient dignes de porter une plume de corbeau.

N.B. la généalogie liant à Françoise Garnier a été enlevée suite à ce les informations confirment qu’elle n’était pas autochtone, malgré l’exitence d’une lettre provenant d’un généalogiste confirmant le contraire.

All our Relations

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My dad always said we were all related.


In a way where patronyms keep coming back, generation after generation, weaved with one another in different combinations.

In an earlier post, I had spoken about my consternation over Sociologist Gerard Bouchard’s article he titled “The Québécois’ Fake Indian Blood” (La Presse, Feb. 7, 2015) where he discounts the Métis population of Québec, stating that contempt of Settlers towards Indigenous Peoples had massively impeded social interaction and that if perchance there was an Indigenous ancestor in the average Québecois’ tree, it was rare and unprecedented.

Less than 1% blood quantum.

Indigenous Peoples are the only three minorities that require to prove our ethnicity to a Government that has legislated ways to assimilate us.

Proving someone is Métis is no small task:

People changed names. A few examples, taken from my own genealogy:

  • LePellé / Lepelé
  • LaHaye / LaHaye / Lahé
  • DesMarais / Desmaret
  • Lagrave
  • Lamothe

All the same people

Here’s another family from my genealogy:

  • Pelletier
  • Antaya
  • Marolle
  • Gobloteur
  • Passavant
  • Laprade

We don’t know why they changed their patronym. Maybe they did follow similar Indigenous name-calling traditions?

Once the threads have been untangled, Church records need to be found linking every generation all the way back. Finding all the records going back to one First Nation ancestor.

But what about proving historic and contemporary communities existed?

Here are a few examples of the work I have undertaken to illustrate the presence of Métis in Mauricie and Lanaudière, confluences between the First Nations settlements of Rupert’s Land and the Saint-Lawrence river. The French called it “Les Pays d’En Haut” – the Upper Country.

I chose to illustrate First Nation ancestors with symbol of the Eagle feather and I used the Crow’s feather to illustrate each subsequent Métis descendant all the way to myself. There’s actually a story about the crow’s feather and the Métis that I hope to write some day…

I’m doing this exercise to put everyone’s mind to rest about the 1% blood quantum argument. It’s a time-consuming task and I’m not giving myself a deadline to do it, unless the topic of the existence of Métis communities here is once again questioned. Then I’ll update this blog and show just how many people could wear a Crow’s feather in my community.

N.B. the genealogy linking to Françoise Garnier was removed following information confirming that she was not Indigenous, despite the exitence of this letter confirming the opposite from a reputed genealogist:

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Plaidoyer pour les Métis affranchis

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Nous étiâmes déjà d’icitte, mais nous étiâmes aussi de nouvel arrivage. Nous faisions parti des colons, mais nous avions une partie indigène. Nous voulions appartenir à nous mêmes. Quelque part le long du chemin, nous sommes devenus assimilés.

Les actes parlementaires entre la mi-19ème et le 20ème siècle, débutant par la Loi sur la Civilisation graduelle de 1857, les gens ont décidé pour nous qui était et qui n’était plus considéré *indien*.

Les grands-parents sont décédés, les parentés ont perdu le contact avec l’un l’autre, la vallée entre les familles métisses et des Premières nations s’élargit à chaque génération supplémentaire qui nous sépare de nos ancêtres. Le temps a passé, des efforts ont été faits pour cacher l’histoire orale nous reliant. La vie déroba nos racines.

Ils ont essayé d’oublier que nous étions autochtones.

Ceux d’entre nous qui avaient entendu parler de l’histoire orale avaient peu de moyens pour les aider à relier les points. Nous étions occupés à aller à l’école colonialiste, obtenir des emplois colonialistes, élever nos enfants dans le colonialisme. Le colonialisme prit tout notre temps.

Nous sommes *presque* devenus le succès de la doctrine de John A. MacDonald qui voulait «tuer l’Indien, sauver l’homme».

Presque.

Ceux d’entre nous, pour qui les souvenirs de l’histoire orale ont été tissés dans nos rituels, nous nous sommes souvenus. Nous avons connu les rituels de placer le tabac que nous avions cultivé dans nos jardins, lorsque nous récoltions la ligne de trappe. Nous avons remercié le Créateur à chaque fois nous avions récolté de la chasse, du potager, des rivières. Nous ne passions jamais devant un feu en plein air sans nous purifier de sa fumée

Nous nous sommes souvenus.

Ceux d’entre nous, qui avions célébré en famille dans nos communautés et liée par les habitudes de nos kokoms indiennes éloignées, séparées par des générations, nous nous sommes souvenus. Les refrains des chansons à répondre, les pas de gigue, l’odeur de la nourriture traditionelle et certains temps de l’année sont les déclencheurs d’inondations de souvenirs, chacun de nous se complétants les uns et les autres quand nous nous revoyons.

Pourquoi nos grands-parents n’ont pas affirmé notre indigénéité? LA CRAINTE.

La crainte qu’ils ont vécue et qu’ils nous ont communiquée.. Ils avaient directement subis les effets des évènements.

J’ai toujours su que la famille de mes grands-parents se sont dispersés à la fin du 19ème siècle. Certains sont allés plus au nord (Abitibi) certains sont descendus vers le sud (les factories du Massachusetts). Certains sont revenus, certains n’ont jamais remis pieds sur Lanaudière. Ce qui a été presque jamais été discuté fût la raison de l’exode.

En parlant avec des membres de la famille – qui – comme moi, étaient assez jeunes pour avoir pu témoigner directement des réponses évasives de nos grands-parents, nous avions compris qu’il y avait une peur derrière ce qu’ils ont choisi partager et ce qu’ils ont choisi d’essayer oublier.

Mes grands-parents ont été témoins des événements de la rivière Rouge (1869 au 1870) et de Batoche (1885). Les personnes touchées étaient leurs parents directs: leurs cousins au premier ou deuxième degré, leurs tantes et leurs oncles, les tantes et oncles de leurs parents. Ils n’étaient pas isolés des effets de la Rébellion de la rivière Rouge. Leurs propres parents avaient vécu leur propre rébellion 50 ans auparavant (de 1837 à 1838). Du début à la fin, 48 années de rébellions, Avec beaucoup de lois écrites entre les deux: la Loi sur la Civilisation graduelle (1857), la Loi sur les Indiens (1867) et tous ses amendements, la Loi de l’émancipation graduelle (1869).

Les Scrip du Nord-Ouest visant à éteindre le titre autochtone des habitants de l’ouest. (1870 à 1920). Les traités numérotés. (1871-1921).

Des lois servant à nous *civiliser* et des lois servant à nous emprisonner.

Les choix faits par mes ancêtres provenaient de deux options reflétant les objectifs des gouvernements colonialistes. Abandonnez une réclamation d’indigénéité ou faire face à une ségrégation sur des terres qui étaient – sur papier – censé être réserver pour l’usage exclusif des Premières nations, mais qui sont rapidement devenues des prisons en plein air pour ceux qui ne pouvaient pas ou ne voulaient tout simplement pas assimiler.

Dans les années 1960, les choses ont semblés commencer à s’améliorer. Mais la génération de mes grands-parents avainet dû composer avec un grand sentiment de culpabilité.

Culpabilitésur leurs propriétés foncières, la culpabilité au sujet du vote. La culpabilité de leurs conditions de vie par rapport à celles de leurs cousins éloignés. La culpabilité de savoir qu’il existait des agents des Indiens, et la culpabilité d’avoir acquiescé à la ségrégation des Premières nations.

Trois, quatre et même cinq générations passées ont abouti avec l’élargissement du fossé entre les Métis d’ici et notre parenté dans l’ouest.

Dans les années 1980, certains d’entre nous savions que beaucoup de familles Inuit et des Métis dans l’Ouest avaient vécu un traitement similaire au traitement que nous avons vus dans les réserves où vivaient les arrières-petits-enfants de nos ancêtres des Premières nations.

Mon père et moi parlions souvent des inégalités des peuples autochtones. Avant l’Internet (ben oui, c’est arrivé!), cette connaissance était limitée à des contacts directs lors de voyages et vivant dans d’autres communautés. Les médias avaient rarement rapportées des nouvelles sur les conditions de vie des Premières nations, des Inuits et des Métis. Il n’y avait pas beaucoup de moyens pour obtenir des informations.

Je porte toujours la culpabilité de mon apparentée Métis et mes ancêtres Métis qui est multiplié par chaque génération qui ont été témoins des effets du colonialisme et de ses traumatismes résultant.

Nous avons renoncé à nos terrains de chasse et tout autre droits tacites résiduels aux gouvernements municipaux, provinciaux ou fédéraux dans les années 1970, parce que nous croyions que les gouvernements colonialistes agissaient dans l’intérêt collectif. Nous avions partagé nos traditions avec tout le monde – coloniaux ou non – parce que nous avons pensé que c’était la bonne chose à faire.

Nous aurions dû intervenir,

nous aurions dû faire plus.

Nous aurions dû résister.

Nous aurions dû dire «non»

Vers la fin des années 1970, il semblait que le plan de MacDonald a presque fonctionné. Li Gens Libres n’étaient plus.

Je ne jugerai pas mes grands-parents trop sévèrement, car je sais que sans recul, tout avait l’air bon, et qu’ils faisaient ce qu’ils pouvaient dans les circonstances que je ne pourrai jamais saisir pleinement.

Aujourd’hui et depuis un certain moment déjà, je travaille à réaffirmer l’indigénéité de mes ancêtres. Je le fais dans fraternité et en solidarité avec tous les peuples autochtones et les personnes qui ont souffert. Personnellement, je ne demande rien, mais j’offre mon soutien et ma compréhension des torts causés aux nôtres par le colonialisme.

Au nom de toutes nos relations.

A Plea For Enfranchised Métis

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We were already here, but we had also newly arrived. We are part Settler, part Indigenous. We wanted to Own Ourselves. Somewhere along the way, we became assimilated.

Acts between the mid-19th and 20th Century, beginning with the Gradual Civilization Act of 1857, people decided for us who was and who were no longer considered *Indian*.

Common grandparents died, kinships lost touch with each other, the valley between Métis families and First Nations widened with each additional generation separating us from our ancestors. Time passed, efforts were made to hide the oral history of our connections. Memories faded.

They tried to make us forget we were Indigenous.

Those of us who had heard the oral history firsthand had little ways of connecting the dots. We got busy going to Colonialist schools, getting Colonialist jobs, raising our kids in Colonialism. Life happenend.

We *almost* became the success of John A. MacDonald’s doctrine to “kill the Indian, save the Man”.

Almost.

Those of us, for whom the memories of oral history was woven into our rituals, we remembered. We experienced the rituals of laying down tobacco we cultivated in our gardens, when we harvested from the trap line. We gave thanks every time we harvested from the hunt, from the garden, from the rivers. We never walked by a smoky open air fire without smudging.

We remembered.

Those of us, who celebrated in our communities with kin and linked by our far removed Indian kokoms, separated by generations, we remembered. The sound of the reels, and the steps of the jigs, the smell of the food and certain times of the year are triggers of floods of memories, each of us completing the other when we reconnect.

Why did our great-grandparents not assert our Indigeneity? FEAR.

FEAR was lived and was communicated by them. They had directly experienced the effects of the bad stuff.

I’ve always known that my great-grandparents’ families dispersed at the end of the 19th century. Some went further North (Abitibi) some went South (Massachusetts). Some came back, some never did. What was hardly ever spoken was the reason for the exodus.

Speaking with family members – who – like me, were young enough to bear direct witness to our great-grandparents’ evasiveness, we understood that there was fear behind what they shared and what they chose to try to forget.

My great-grandparents bore witness to the events coming from the Red River (1869-1870) and Batoche (1885). The People affected were their direct kin: their first, or second cousins, their aunts and oncles, the aunts and oncles of their parents. They weren’t isolated from the effects of the Red River Rebellion. Their own parents had lived their own Rebellion 50 years before (1837-1838). 48 years of Rebellions, between start to finish. With alot of laws in between: the Gradual Civilization Act (1857), the Indian Act (1867) and all its amendments, the Gradual Enfranchisement Act (1869).

The North-West Scrips to extinguish Aboriginal title. (1870s to 1920s). The Numbered Treaties. (1871 to 1921).

Acts to *civilize* us and Acts to entrap us.

The choices my ancestors made stemmed from two main options reflecting the Colonialist governments. Give up claim of Indigeneity or face segregation in these lands that were, on paper, supposed to be *given* to First Nations to occupy, but quickly became prisons for those who couldn’t or wouldn’t Assimilate?

By the 1960s, things started to look up. But by then, my grandparents’ generation had to deal with GUILT.

GUILT of land ownership, GUILT about voting. GUILT over their living conditions as compared to their distant cousins. GUILT over the knowledge of Indian Agents, and GUILT over the removal of First Nations kin.

By then, 3, 4 or even 5 generations had resulted in widening the gulf between Métis here and our kin out West.

By the 1980s, some of us knew that many Inuit and Métis families out West had experienced so much of the same treatment we witnessed in reserves where our First Nations ancestors’ great-grandchildren lived.

My father and I often talked about the inequalities of Indigenous Peoples. Prior to the Internet (as there was such a time!), such knowledge was limited to direct contacts made through traveling and living in other communities. The media rarely reported of the living conditions of First Nations, Inuit and Métis communities. There wasn’t many ways to obtain information.

I still carry the guilt of my Métis kin and my Métis ancestors that is multiplied with every generation to have had to bear witness of the effects of Colonialism and its resulting trauma.

We should have stepped in.

We should have done more.

We should have stood up.

We should have said “no”.

We gave up our hunting grounds and whatever residual, unspoken rights to municipal, provincial or federal governments by the 1970s, because we believed that the Colonialist governments were acting in the collective interest. We shared our traditions with everyone – Settler or not – because we thought it was the right thing to do.

By the late 1970s, it almost looked like MacDonald’s plan worked. Li Gens Libres weren’t.

I won’t judge my great-grandparents too harshly, as I know that hindsight isn’t 20/20, and that they did what they could under circumstances that I will never be able to fully grasp.

Today and for a while now, I work at reaffirming mine and my ancestors’ Indigeneity. I do it in fraternity and solidarity with every Indigenous Peoples and Persons that have suffered. I personally demand nothing, but offer my support and my understanding of the wrongs done by Colonialism to our Own.

For All Our Relations.

Lisons chacun un des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation

qallunette:

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Suite aux évènements choquants à Val d’Or, et afin de supporter et rallier nos communautés Autochtones du Québec, je propose que nous lisons chacun et chacunes un des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.

Cliquez ici afin de consulter les appels à l’action.

Si vous désirez participer, communiquez avec moi à Qallunette@gmail.com ou @Qallunette sur Twitter, et je vous assignerai une des recommandations.

Filmez-vous en vous présentant, nommant votre communauté et lisez le passage de la recommandation.  

Téléchargez votre vidéo sur YouTube ici: portant la mention #CVRAppelsàl’action et le numéro de la recommandation.

Le rapport complet a été lu en Anglais, vous pouvez le voir ici: (Grand merci à Zoe S. Todd, Erica Violet Lee, Joseph Murdoch-Flowers pour l’organisation de ce beau geste de solidarité, ainsi qu’à Chelsea Vowel pour l’inspiration – Migwetch!) 

Nous pouvons faire une différence!